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LETTRE OUVERTE | Un débat s’impose sur les droits en santé mentale

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Un drame évitable ?

Encore une fois, une fois de trop… Un individu atteint de troubles mentaux se retrouve sur le banc des accusés après avoir fait trois innocentes victimes dont deux qui ont perdu la vie. La mère de Frédérick Gingras crie sa rage devant un système qui a abandonné son fils atteint de maladie mentale et, de l’autre côté, on peine à imaginer les sentiments de désarroi et de révolte qui doivent habiter les familles des victimes.

Depuis 25 ans, la FFAPAMM (Fédération des familles et amis de la personne atteinte de maladie mentale) et du CAP santé mentale réclament du gouvernement des amendements à la Loi P-38, cette fameuse loi qui, en principe, doit protéger les personnes dont l’état mental présente un danger pour elles-mêmes ou pour autrui. Année après année, les familles se butent à une fin de non recevoir puisqu’au Québec, les droits et libertés de la personne sont garantis par les chartes québécoise et canadienne. Priver quelqu’un de sa liberté, en le gardant ou en le traitant contre son gré, relève de l’évaluation de sa « dangerosité » et non pas de la perte de son jugement en lien avec sa maladie mentale. Sans volonté politique, ce dossier se retrouve devant l’Everest.

Des cas d’exception

D’entrée de jeu, rappelons que la très grande majorité des personnes qui composent avec un problème de santé mentale cherche à obtenir des soins, désire se rétablir et contribue positivement à la société. Par contre, comme collectivité, peut-on accepter que des gens tombent entre les mailles du filet en raison de lois mal adaptées ? Peut-on accepter que des règles législatives ne tiennent pas compte de la souffrance des personnes qui ont perdu leur jugement en raison de leur maladie mentale ? Peut-on accepter que des personnes refusent toute forme d’aide et qu’il faille attendre à la limite de leur dangerosité pour que le système de soins puisse les prendre en charge ?

En quête de l’équilibre

En 2016, il est hors de question de réclamer un retour du balancier dirigé vers l’institutionnalisation des personnes atteintes de maladie mentale. Cependant, il y a urgence d’agir pour réfléchir collectivement à la notion des droits des personnes qui perdent leur jugement en raison d’un état psychotique qui risque de les entraîner dans le bas fond, voire même à commettre l’irréparable.

Le ministère de la Santé et des Services sociaux répondra sans doute qu’il travaille à l’élaboration d’un cadre de référence en matière d’application de la Loi P 38, une harmonisation des pratiques qui ne vise en aucun moment des amendements aux fondements de la loi. Pendant ce temps, les drames s’alignent les uns derrière les autres, tout le monde se lance la balle et ainsi va la vie !

À quand l’action ?

Pour éviter les drames, si l’État est capable d’imposer des lois pour que les automobilistes posent leurs pneus d’hiver le 15 décembre, qu’attend-t-il pour modifier une loi qui permettrait que l’on puisse éviter à des personnes atteintes de maladie mentale de sombrer dans l’enfer de la judiciarisation et surtout, d’éviter des drames humains qui, rappelons-le, pourraient être évitables.

À quand le débat public sur cette question Docteur Barrette ?

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Rédaction :
Hélène Fradet, directrice générale de la Fédération des familles et amis de la personne atteinte de maladie mentale (FFAPAMM) et de CAP santé mentale

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