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La résilience en bref

Nous avons discuté des changements et des transitions qui surviennent lorsque les membres d’une famille font face à un élément de stress dont la maladie mentale. Nous avons vu que tous les êtres humains ont des réactions similaires face à l’adversité et nous avons identifié les réactions qui sont propres aux familles dont un proche est atteint de maladie mentale. Les membres de la famille sont plus que des proches d’une personne atteinte. Nous partageons notre humanité et chaque être humain a la capacité de réussir, de vivre et de se développer positivement malgré les difficultés rencontrées. Cette capacité se nomme la résilience.

La résilience est un concept relativement nouveau qui reconnaît la capacité de l’être humain de réussir et de se développer positivement, de manière socialement acceptable en dépit du stress ou d’une adversité qui pourrait avoir des conséquences négatives. Ce phénomène d’adaptation a été observé chez les gens libérés des camps de concentration durant la 2e Guerre mondiale. Un pourcentage important des prisonniers relâchés ont réussi à intégrer leurs expériences négatives et à les transformer pour réussir leur vie.

La résilience est innée chez tous les humains mais à des degrés variables en fonction de certains facteurs. La résilience a besoin de deux supports, interne et externe, pour contribuer à un développement sain. L’appui interne vient de facteurs tels que l’hérédité, la santé et un climat affectif, tandis que l’appui externe prend sa source dans la sécurité physique, l’accès au savoir et l’acceptation.

De plus, la résilience dépasse l’adaptation passive, elle nous apprend à vivre. Elle permet aux individus et aux groupes (familles et communautés) de vaincre l’adversité ou une situation de risque. Il s’agit donc de quelque chose de dynamique et non seulement une simple résistance au choc. Nous n’avons qu’à nous rappeler les événements difficiles de l’inondation de Chicoutimi et de la tempête de verglas pour comprendre de quelle façon une communauté peut affronter une difficulté et la vaincre. Cette aptitude évolue avec le temps ; elle est renforcée par les connaissances, les habiletés et les croyances des individus et des communautés.

L’auteur Boris Cyrulnik, pédopsychiatre, a investigué sur la notion de résilience et il la décrit comme un tricot qui noue une laine développementale avec une laine affective et sociale. Un individu développe sa capacité de résilience en relation avec son entourage et sa communauté. Ce n’est pas un travail qui s’accomplit seul dans le silence mais un travail qui se fait en nouant des liens avec les autres.

C’est aussi un travail qui commence durant l’enfance. Trois conditions sont nécessaires pour permettre à l’enfant de construire en lui des bases solides pour faire face aux épreuves à venir :

  • Des liens affectifs. Pour bien se développer, l’enfant doit se sentir en sécurité. Cette sécurité repose sur des liens affectifs étroits avec une personne significative. La per- sonne peut être un parent ou un autre individu, mais l’important c’est que le lien soit maintenu pour permettre à l’enfant de prendre pied solidement dans le monde qui l’entoure et d’éviter l’isolement qui naît de l’insécurité.
  • De l’imagination. Un enfant a besoin de se servir de son imagination. Il doit avoir la permission de découvrir le monde et de l’affronter pour mesurer sa capacité de comprendre les événements, s’y adapter et leur donner un sens.
  • La liberté d’exprimer ses émotions. Un enfant doit pouvoir exprimer ses émotions et les valider dans un climat de sécurité, ainsi il pourra apprendre à les reconnaître et les gérer. Cette habileté lui permettra de pouvoir se distancer de ses émotions négatives et d’apprendre à les gérer pour éviter qu’elles le contrôlent.

Pour l’adulte, la capacité de s’adapter et de bâtir sa résilience repose aussi sur certaines habiletés et conditions parmi lesquelles on retrouve :

  • Le stress. Un certain niveau de stress est nécessaire dans notre vie pour éviter le vide. Sans stress, nous n’avançons plus. Comment grandir si nous n’avons pas d’encouragement à le faire ? Pourquoi vouloir apprendre si nous croyons tout savoir ? Le stress nous permet de mieux nous connaître.
  • L’imagination. Comme les enfants, nous avons besoin de nous servir de notre imagination pour faire un récit qui transforme nos malheurs. Lorsque nous nous servons de notre imagination pour raconter notre histoire, nous mettons de la distance entre nous et l’événement douloureux. Cette distance nous permet de voir le progrès accompli et la distance parcourue, plutôt que de voir seule- ment les difficultés à venir. L’imagination nous permet d’entrevoir une vie meilleure.
  • La connaissance de soi, une philosophie de vie. Pour nous permettre de donner une signification aux événements, il faut se connaître, il faut comprendre pourquoi nous réagissons comme nous le faisons et quelle philosophie guide notre vie. Ce travail de découverte appartient à chaque individu et il durera toute une vie. Si nous choisissons de ne pas entreprendre ce travail, nous serons toujours à la merci des événements et nous aurons l’impression de subir notre vie plutôt que de la guider. Notre philosophie de vie nous permet d’accepter ce qui nous arrive.
  • La mémoire. Cette faculté nous permet de voir la continuité dans notre vie, la reconnaissance de notre humanité et nos liens avec notre entourage. Nous avons tous une histoire sociale, une famille, une communauté et une culture. Notre mémoire nous permet de nous situer dans cette histoire de la vie et de comprendre les difficultés vécues et surmontées par d’autres, et de s’en inspirer. La mémoire nous permet de nous sentir moins seul.
  • Le rêve. Il nous permet de retrouver l’espoir. Sans le rêve, l’être humain ressemble à une bête de somme. Il nous permet de nous dépasser, de voir plus loin et parfois, de se consoler.

La résilience coûte cher car il n’y a pas de métamorphose sans fracas. Pour les familles qui vivent des moments difficiles, il faut parcourir le chemin de l’adaptation avant de réaliser leur potentiel et leurs forces. Elles ont toutes un chemin différent à parcourir pour s’y rendre. Pour ceux qui choisissent de vivre dans la négation, que ce soit la famille, la personne atteinte ou l’entourage, les résultats seront l’abandon et l’inertie. Il est tellement plus intéressant de se mesurer à l’obstacle et d’apprendre à se connaître. C’est la seule façon de vivre pleinement sa vie.

 

À retenir

« Tous les chagrins sont supportables si on en fait un récit. » – Boris Cyrulnik

Il existe une panoplie d’outils dont nous pouvons nous servir pour renforcir et maintenir notre résilience face aux événements difficiles. Selon nos intérêts, nos croyances et notre façon d’apprendre, nous pouvons nous servir des moyens suivants :

  • Les méthodes de relaxation : yoga, méditation, biofeedback.
  • Les méthodes de résolution de problèmes : l’approche cognitive.
  • L’accès à un réseau de soutien : les groupes d’entraide.
  • L’amélioration de son image de soi : l’affirmation de soi.

Les moyens de s’adapter sont aussi variés que les individus. Tous sont positifs s’ils nous aident à nous accomplir et à découvrir nos forces et notre potentiel.

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