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19-2 : une réalité choc qui choque !

Québec, le 12 mars 2013 – Que dire de l’épisode que les auteurs et comédiens ont livré le 11 mars dernier… Une scène de vie qui, pour certains, peut sembler être une pure fiction mais pour d’autres, une réalité tout à fait désarmante.

Vous comprendrez que je parle ici de la scène où une mère de famille dévouée et aimante tente par tous les moyens d’éviter l’usage d’une ordonnance de cour pour faire évaluer son fils qui a, de toute évidence, un problème de maladie mentale. Une mère qui accepte, par amour, de tolérer l’intolérable, de vivre dans la peur d’un passage à l’acte pour éviter de contraindre son fils à se faire évaluer par un psychiatre, sans son consentement. Le prix à payer ? Sa propre vie !

Depuis plus de 25 ans, la Fédération des familles et amis de la personne atteinte de maladie mentale (FFAPAMM) tente par tous les moyens de faire comprendre à nos politiciens qu’il faut réviser la Loi sur la protection des personnes dont l’état mental présente un danger pour elles-mêmes ou pour autrui. Comme société, trouvons-nous acceptable que des gens atteints de troubles mentaux qui présentent des comportements de violence soient laissés à eux-mêmes, séjournent au poste de police le temps d’apaiser la crise ou pire, mettent en danger leur propre vie et celle des autres ? La charte des droits et libertés soit, mais il ne faut cependant pas oublier que la liberté des uns commence où celle des autres s’arrête.

Les familles que l’on côtoie sont épuisées et désabusées du système. Leur réalité est parfois cauchemardesque. À titre d’exemple, une personne est complètement désorganisée et agressive; la famille fait les démarches pour obtenir une ordonnance de cour pour l’amener à l’hôpital et les policiers assurent le transport. Quarante-huit heures plus tard, souvent moins, la personne est libérée de l’établissement puisque la notion de dangerosité immédiate n’est plus présente et évidemment, elle ne veut pas se faire traiter de façon volontaire. Résultat : la personne revient à la maison, souvent avec la rage au cœur contre les personnes qui ont voulu la protéger. Question quiz : dans une telle situation, que feriez-vous ?

Lorsque des auteurs en viennent à écrire ce genre de scénario dans une série qui est réputée être près de la réalité, c’est qu’il y a un problème criant dans notre société. Quels seront les leaders politiques qui auront le courage d’apporter des changements législatifs en vue d’assurer une obligation de suivi avec une cote de dangerosité pour les personnes atteintes de maladie mentale qui présentent des comportements de violence ou d’agressivité ? Combien d’homicides ou de suicides devrons-nous avoir dans nos statistiques avant de prendre les décisions qui s’imposent ? Il ne faut pas oublier que nous parlons de « maladie » et non pas de « criminalité ».

Un débat de fond doit s’inscrire à l’agenda de nos politiciens car malgré toutes les énergies déployées par les ressources publiques et communautaires et les grandes réussites reliées au rétablissement des personnes atteintes de maladie mentale (pour qui je voue le plus grand respect), il n’en demeure pas moins qu’une minorité d’entre elles vivent des détresses si importantes qu’elles peuvent en venir à commettre l’irréparable.

Merci aux auteurs et aux comédiens qui ont livré une performance exceptionnelle. Merci d’avoir mis au grand jour une réalité que l’on cherche socialement à cacher. À toutes les familles du Québec qui s’investissent dans le rétablissement de leur proche atteint de maladie mentale, je vous invite à consulter le www.capsantementale.ca; des ressources vous y attendent.

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Lettre ouverte rédigée par Hélène Fradet,
directrice générale de la Fédération des familles et amis de la personne atteinte de maladie mentale

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