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La famille, une ressource en voie de disparition?

Québec, le 16 août 2000 – Les rapports se suivent et se ressemblent étrangement… En 1996, le Vérificateur général dénonçait l’échec de la Politique de santé mentale; en 1998, l’inefficacité de la Curatelle publique et en 1999, le Curateur dénonce à son tour l’administration et les services psychiatriques de l’Hôpital Rivière-des-Prairies. Ces tristes constats sont basés sur un dénominateur commun: un réseau de la santé mentale non efficient. Lorsqu’un réseau éclate, les citoyens « ordinaires » écopent inévitablement. La cellule familiale, elle-même en changement, devient la voie de service pour compenser les carences d’un système public déficient. Or, dans cinq ou dix ans, les familles des personnes atteintes de maladie mentale seront-elles encore capables d’absorber les contrecoups de ces moult échecs?

Malgré des théories dites non discriminatoires, la maladie mentale est toujours perçue comme une énigme obscure dans notre société moderne. Nos gouvernements possèdent l’art d’apaiser notre conscience collective en présentant des textes vertueux et en tenant des discours réconfortants, mais pendant ce temps, se vivent des drames humains malheureusement comparables aux films produits à Hollywood. « Problème de société », dit-on à droite et à gauche. Réponse facile puisque la « société », c’est à la fois tout le monde et personne. De plus en plus axés sur un mode de vie individualiste, nous devons prendre le temps de nous arrêter pour regarder dans quelle direction nous nous dirigeons collectivement. À l’aube du prochain millénaire, il y a lieu de se questionner sur la façon dont les familles vivront les virages idéologiques et économiques dans un contexte où la structure familiale devient de plus en plus petite.

La maladie mentale existe depuis des siècles et sera probablement toujours une réalité, mais aujourd’hui, au seuil de l’an 2000, comment compose-t-on avec cette problématique? Les personnes qui en sont atteintes sauront vous le dire. En ce qui concerne les familles, elles sont bouleversées et aspirées dans une tornade de changements. À quoi ressemblent-elles ces familles? Elles sont comme les autres, mais il leur est demandé davantage pour s’occuper de leurs proches. Elles doivent surmonter les difficultés reliées au quotidien, faire face à des exigences particulières pour assurer l’intégration sociale de leur proche et ce, tout en affrontant la discrimination et les retombées des messages négatifs véhiculés lors d’événements malheureux.

De toute évidence il faut s’interroger sur la contribution que l’on peut et doit exiger de ces familles. Est-ce qu’on a pris le temps de regarder l’évolution de la cellule familiale en regard des exigences qu’on lui impose aujourd’hui? Il est sécurisant pour des décideurs politiques de préserver l’image rassurante et bienveillante de la famille québécoise des années 30. Désolées Mesdames, Messieurs, ce portrait est maintenant désuet. Les mentalités ont changé, le taux de natalité est passé sous la barre de 1,4 et la population est de plus en plus vieillissante. Dès lors, les critères et les attentes doivent être inévitablement revus.

Le mouvement familial au Québec s’est transformé. On ne peut plus fermer les yeux et oublier les impacts du mouvement d’urbanisation, des crises économiques et des changements reliés au mouvement féministe. La cellule familiale est toujours composée d’hommes, de femmes issus de familles distinctes mais chacune d’elle, prise de façon isolée, ne peut plus arriver seule à répondre au désengagement de l’État. Celui-ci ne doit plus se cacher derrière les seuls fondements de l’évolution des mentalités et se déculpabiliser en injectant ici et là quelques millions de dollars pour apaiser l’opinion publique.

Il faut développer une approche visionnaire, revoir les fonctions reliées à la famille, briser son isolement et tout mettre en oeuvre pour éviter son épuisement. Lorsque certaines espèces animales sont menacées d’extinction, tous les moyens sont mis en place pour éviter la perte de l’espèce et supporter sa restructuration. Notre conscience sociale devrait nous amener à la même vigilance puisque la cellule familiale est sollicitée de toute part et que son noyau est indéniablement affaibli. Il est impératif que nos gouvernements agissent car le réseau de la santé ne suffit plus à répondre aux besoins des gens en détresse.

Pendant ce temps, les 45 associations de familles et amis de la personne atteinte de maladie mentale travaillent d’arrache-pied pour apporter soutien, réconfort et information aux membres de la famille et à l’entourage de la personne atteinte. Nous croyons profondément contribuer au maintien de la cellule familiale, mais la lumière est rouge et la cloche a sonné. Que faudra-t-il faire de plus pour faire réagir les gens de pouvoir?

Les débordements ne sont pas seulement dans nos salles d’urgence, la preuve, venez voir dans nos maisons !

Francine Parker, présidente
et Hélène Fradet, directrice de la Fédération des familles
et amis de la personne atteinte de maladie mentale (FFAPAMM)

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