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LETTRE OUVERTE | Austérité et maladie mentale : un match incompatible

En cette semaine de sensibilisation aux maladies mentales, le ministre Gaétan Barrette demeure plus que discret. Outre sa sortie publique le 30 septembre dernier dénonçant les coupures de 9 M$ annoncées par l’agence de Montréal dans les services en santé mentale, le ministre reste muet sur ses intentions relativement au prochain plan d’action en santé mentale. Ce silence radio de sa part n’est plus acceptable et c’est pourquoi la FFAPAMM partage publiquement son opinion sur la situation actuelle des services en santé mentale et soumet des pistes solutions à la hauteur des attentes de la population.

Dans le cadre de sa 21ième campagne d’information et d’éducation aux maladies mentales, notre fédération crie haut et fort l’excellence des services offerts par les associations membres qui s’investissent à soutenir les personnes qui accompagnent un proche atteint de maladie mentale.

Pendant ce temps, le nouveau gouvernement nous rappelle que le Québec frappe le mur et que nos finances publiques sont dans un état lamentable. Bref, si la province de Québec était une personne, elle obtiendrait son admission aux soins intensifs, en espérant survivre à la crise.

Le réseau de la santé, cible des prochaines coupures ?

Le gouvernement veut redresser les finances publiques coûte que coûte. Le prix à payer ? Ce sera assurément à plusieurs niveaux, notamment dans le domaine de la santé. En ce sens, qu’adviendra-t-il de l’offre de services en santé mentale ?

En 2005, le Québec se dotait d’un nouveau plan d’action en santé mentale. Heureuse nouvelle à l’époque puisque l’on prévoyait que 5 ans plus tard, en 2010, toutes les régions du Québec allaient accroître, de façon significative, l’accès à une variété de services offerts de façon continue et ce, pour le bénéfice des personnes atteintes d’un trouble mental et de leur entourage.

En 2014, le plan d’action n’existe plus; il a trouvé son échéance depuis 4 ans. Nous attendons encore sa version « 2.0 » ! Pendant ce temps, les problèmes d’accessibilité sont encore criants et aucun suivi n’a encore été annoncé par le nouveau ministre de la Santé et de Services sociaux.

À quelle porte frapper ?

Au fil des ans, ici et là, des projets novateurs ont vu le jour. Mais ici et là, l’organisation du système demeure d’une complexité désarmante pour le commun des mortels.

Votre fils, votre fille, votre conjoint, votre frère est en état de psychose… Vers quelle porte allez-vous le référer : votre médecin de famille ? Le groupe de médecine familiale ? Le guichet d’accès en santé mentale appelé autrefois le CLSC ? Les services ambulanciers ? Les policiers? La salle d’urgence ? Hum… bonne question. Qui le prendra en charge ? Hum… Bonne question. Qui assurera son suivi lorsqu’il aura été examiné et évalué ? Hum… Bonne question.

Il ne faut pas être un grand expert pour comprendre que le gouvernement doit resserrer les cordons de la bourse; la liste des revenus dépasse largement celle des dépenses. Il faut assurément qu’il soit plus rigoureux et sélectif pour offrir à la population un maximum de services publics avec les impôts et taxes qui sont payés par les contribuables. Est-ce que les services de santé mentale doivent être maintenus à leur plus bas niveau ? Hum… Danger ! Alerte rouge ! Il faut expressément que nos politiciens prennent ce dossier au sérieux.

Et si on se permettait de rêver

Imaginons qu’après avoir consulté les principaux partenaires provinciaux, le ministre de la Santé et des Services sociaux, le Dr Barrette, annonçait un nouveau plan d’action en santé mentale dans lequel des directives claires et limpides permettraient d’améliorer de façon significative l’offre de services aux personnes atteintes ainsi qu’aux membres de leur entourage.

Que pensez-vous du scénario suivant :

  • 7 jours semaine, la population peut accéder aux services de santé mentale, y compris l’accès à un médecin ou à un psychiatre en se présentant dans un CLSC.
  • Accès à des services d’intervention de crise 24 h/7 jours dans les 95 territoires de CSSS du Québec, incluant un service mobile d’intervenants spécialisés qui se rendent à domicile.
  • Toute personne atteinte de maladie mentale qui manifeste des comportements de violence et qui se retrouve à l’urgence par la voie d’une intervention policière ou d’une ordonnance de cour doit systématiquement, dès sa sortie de l’hôpital, bénéficier d’un suivi intensif.
  • Dans toutes les régions du Québec, accès à des programmes de subvention au logement pour les personnes ayant un problème de santé mentale grave assujetti à un soutien dans la communauté.
  • Élaboration de plans de services individualisés et intersectoriels pour les jeunes qui doivent transiter vers le secteur adulte.
  • Dans l’objectif de diminuer leur détresse émotionnelle, mise en place de protocoles d’entente de référence systématique des familles entre les CSSS et les associations membres de la FFAPAMM.
  • Protocoles d’accueil et de sortie permettant d’assurer la transition des personnes qui terminent leur hospitalisation vers des ressources d’hébergement appropriées et ce, en respect de la capacité des membres de leur entourage.
  • L’ensemble des intervenants prennent en considération le rôle d’accompagnateur des membres de l’entourage en leur permettant de transmettre des informations ou observations sur leur proche. Ils encouragent la discussion avec la personne atteinte quant aux bénéfices d’impliquer sa famille dans son suivi.
  • Les membres de l’entourage sont reconnus dans leur rôle de partenaire; ils sont impliqués dans les lieux de décision et ils sont soutenus financièrement à la hauteur de leurs besoins pour la gestion de leur association locale ou régionale.

Si le gouvernement n’agit pas rapidement…

L’inaction du gouvernement à l’égard des services de santé mentale pourrait être catastrophique. Le nombre d’itinérants atteints de maladie mentale va exploser, le pourcentage des cas de santé mentale va s’accroître de façon significative dans les centres de détention, les drames familiaux vont aller en croissance, etc.

Bref, il ne faut pas être devin pour prévoir des coûts économiques, sociaux et humains exponentiels. Monsieur le Ministre, il est urgent d’agir et sachez que ce sera un plaisir pour la FFAPAMM de collaborer à votre projet !

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Rédaction :
Hélène Fradet, directrice générale de la Fédération des familles et amis de la personne atteinte de maladie mentale (FFAPAMM)

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