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Une société diachylon

Parution dans Le Soleil | Édition du 20 mars 2003

Québec, le 13 mars 2003 – Humainement, lorsque survient un problème, nous sommes automatiquement à la recherche d’une solution. Dans un monde où la productivité, le stress, la performance et les nouvelles technologies nous appellent au dépassement personnel, c’est devenu normal d’être étourdi, de perdre l’équilibre et de ressentir le besoin de reprendre notre souffle.

Individuellement, nous cherchons toujours à apaiser notre souffrance le plus rapidement en y posant le diachylon du jour, ce qui est humain. Parfois, une solution quoique temporaire, peut faire l’affaire. Mais collectivement, pour vraiment améliorer la qualité de vie des Québecois, ne faut-il pas aller au-delà des solutions temporaires et forcer nos politiciens, nos chefs d’entreprise à envisager de mettre en place des politiques et des actions qui auront des incidences à long terme? L’approche diachylon, utilisée par l’ensemble des décideurs, est la plus courante, mais admettons-le, loin d’être la plus efficace pour la santé mentale et physique des Québécois, les diachylons finissant toujours par tomber…

Pour comprendre la teneur de ce propos, voici un exemple concret qui représente un cas type: une femme âgée de 50 ans est mariée et mère d’un jeune homme atteint de maladie mentale avec qui elle cohabite. Elle est salariée à temps plein, mais doit s’absenter souvent de son travail pour s’occuper de son fils. Les répercussions sur sa vie de tous les jours sont multiples: anxiété, inquiétudes, sentiment de solitude, dépression, stress, culpabilité, problèmes physiques, préoccupations financières, éloignement de la famille, etc. La société diachylon dans laquelle elle vit va donc rechercher des solutions pour faciliter la conciliation famille-travail.

Se disant empathiques à notre cas type, le réflexe des politiciens est de trouver des solutions aux problèmes immédiats de cette mère: des services de soutien à domicile se traduisant par des mesures de répit-dépannage, des crédits d’impôt supplé-mentaires, des rentes, une semaine de 4 jours, etc., des solutions convenables soit, mais qui n’atténuent le problème que temporairement. La mère, profitant d’un répit, d’un allégement fiscal, d’une semaine de travail plus courte profite du diachylon politique, mais demeure toutefois avec sa détresse et sa vulnérabilité à perdre pied…

Avec la collaboration de plusieurs fonctionnaires, de nombreux travaux ont été fait dans les dernières années pour essayer d’amener nos politiciens à aller plus loin dans leur réflexion, à trouver des solutions qui iraient au-delà du diachylon, des solutions qui permettraient d’intervenir pour soigner la détresse et ainsi, améliorer de façon substantielle la qualité de vie des membres de l’entourage qui accompagnent une personne atteinte de maladie mentale. La réflexion est faite, les orientations sont sur papier, il reste à amener nos politiciens à changer leur mentalité. Au-delà des diachylons, il est urgent qu’ils acceptent d’investir pour des solutions plus bénéfiques.

Société diachylon?? Force nous est de constater que oui. Politiquement, c’est forcément payant, puisque l’investissement de quelques millions ici et là laisse croire que les problèmes sont réglés. Humainement, c’est la catastrophe, puisque l’épuisement, la dépression et la mauvaise qualité de vie demeurent partie prenante du quotidien. Plutôt que de fournir des milliers de boîtes de diachylons aux Québécois, ne devrions-nous pas plutôt leur apprendre à soigner leurs blessures? Poser la question, c’est y répondre… Qu’en pensez-vous Madame Marois?

Hélène Fradet, directrice
Fédération des familles et amis de la
personne atteinte de maladie mentale (FFAPAMM)

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