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Aider l’autre à le dire

On vit dans un monde de communications, c’est dire un monde où il est de plus en plus facile de dire les choses et de se faire comprendre. Le mot communication a la même racine étymologique que les mots communauté, mettre en commun, partager avec les autres. On peut donc partager ce que l’on sait et surtout ce que l’on ressent.

Je n’ai jamais réalisé l’importance de ce mot « communiquer » avant le jour où ma fille nous a crié combien elle souffrait à l’intérieur, combien elle avait mal à l’âme, combien grande était sa désespérance. La communication était tellement puissante qu’elle a complètement bouleversé tout son monde, soit celui de sa famille, de ses amis, mais encore plus celui de son milieu de travail. Il fallait ce choc pour que l’on prenne conscience de l’ampleur de ces drames causés par la maladie mentale. Et quand on pense qu’une personne sur cinq au Canada souffrira de cette terrible maladie, on ne peut pas demeurer indifférent devant une telle hécatombe. Au Québec seulement, il y a un million quatre cent mille personnes qui vivent ce drame. Il va falloir communiquer, en parler, et non seulement à la maison, en famille, mais au travail, au bureau, à l’usine, partout.

Un tsunami dans la tête
Quelle chance on a tous eue! Nous, ses père et mère, ses frères, sa sœur, nous réalisions tout ce qu’elle avait pu souffrir et endurer, sans jamais qu’on puisse l’imaginer vraiment. Mais il fallait aussi le communiquer dans son milieu de travail. Là, tous avaient bien été témoins de ses crises, mais personne n’osait en parler. Ils avaient pris pour acquis qu’elle avait un tempérament difficile. Ils se disaient : « Elle est comme ça » et on attendait que la tempête passe. On subissait l’orage comme s’il s’agissait d’un mal nécessaire, ne se doutant aucunement de l’ampleur du tsunami qui déferlait dans tout son être. Il a fallu ses cris répétés pour que l’on ose en parler. Il a fallu aussi qu’elle-même ose se l’avouer. Elle vivait dans le déni, se sentant vivre souvent sur une mer des plus agitées, sans aucun secours pointant à l’horizon; et tout cela, sans jamais oser demander de l’aide.

Sortir du garde-robe
Il a fallu oser! Il a fallu que son employeur prenne conscience que tout le bureau, tout son entourage de travail, avait un rôle à jouer, et cela, malgré le fait qu’une entreprise doit être axée sur la performance et l’atteinte de résultats. Il a fallu que ses compagnons de travail lui parlent, lui disent qu’il fallait chercher une solution. Et d’abord, le simple fait d’en parler aussi ouvertement dans son entourage immédiat n’a pas été facile. On craint toujours dans ces circonstances un certain voyeurisme.

Le problème que nous ressentions tous, ma fille, la famille et ses collègues de travail, était un sentiment d’impuissance généralisé. Comme bien d’autres dans de telles circonstances, nous ne savions pas quoi faire. Pourtant, toutes les aides inimaginables étaient disponibles, quasiment à portée de mains. Il fallait d’abord en parler et surtout trouver les gens qui savent écouter, sans s’imposer.

Tous ensemble, nous avons trouvé l’aide et le soutien qui ont permis à son entourage et aux collègues de travail de comprendre et de mieux écouter, ce qui a permis à la direction de l’entreprise de participer au processus de rétablissement. Tout était disponible à la FFAPAMM avec ses quarante associations. Ces gens d’expérience ont su nous encadrer, nous traçant la route à suivre et les étapes à franchir. Ils nous ont fait comprendre le rôle de chacun dans ce processus de retour à l’équilibre. Ils ont aussi aidé les compagnons de travail en les rendant conscients qu’il s’agissait d’un trouble de personnalité qui était en tout point gérable, mais qu’ils avaient un rôle important à jouer.

Il s’agit de ma première année à titre de porte-parole de la FFAPAMM et je ne saurais trop encourager tous et chacun à devenir aidant et surtout au niveau du travail, car il faut bien le dire, on y passe une grande partie de sa vie active, tissant des liens, se créant un milieu de vie qui puisse répondre à nos besoins. Il faut oser en milieu de travail parler et agir pour aider ces gens qui souffrent et se cachent.

Jean-Marc Chaput
Porte-parole de la FFAPAMM

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